L'autre et moi
Il est des gens que l'on sème, il est des bouts de vie . Des milliards d'étoiles dans le ciel qu'on rencontre et qu'on oublie . J'ai rencontré des gens ,ils m'ont touchés, et aujourd'hui je me rends compte qu'autour de moi j'ai vraiment construit une véritables fourmilière où pleins de petites ouvrières m'aident à construire « une vie » . Ces gens que l'on croit oubliés effacés, ils font partie de nos vies comme nous faisons partie de la leur . Par une rencontre nous sommes unis à jamais . Nous ne pouvons effacer un passé commun
Parfois je vois leurs visages mais ne me souviens plus de prénom Avec eux je pourrai réécrire mon histoire, Rien qu'avec leur nom je pourrai recomposer le film de mes souvenir.Pourtant aujourd'hui ils se sont échappés, ils ont changés, il y en a que je reconnais, d'autres que l'on croirait transformés,certains que je retrouve et retrouverai encore et toujours, mais pour la plupart ils ne sont plus qu'une trace, pourtant chaque fois que je pense à eux, je ne peux m'empêcher d'être émue en rêvant au souvenir auquel ils sont attachés . Car ils ont tous à un moment partagé mes joies, mes peines, mes sentiments, mes douleurs ,mes combats .Ils me connaissent, certains me lisent encore et c'est grâce à eux, C'est grâce à eux que je me suis construit un empire sur lequel désormais je peux trôner . C'est eux qui me donnent la force .La force de taper sur un clavier .Celle de me lever tous les matins pour ouvrir les yeux sur les mille et unes choses que le monde a à m'apprendre .
Mais aujourd’hui il ne reste rien que des traces . Personne n'a jamais eu dans ma vie plus de poids que celui d'une bulle d'air qui éclate aussitôt soufflée .Personne n'a poussé la porte plus loin que sur la pallier de ma vie . J'en déplore aujourd'hui l'état . J'en pleure aussi . Je déplore chaque soir dans mon lit de voir ce corps fondu sur un lit trop tiré pour être vrai ,sincère . Je ne suis qu'une façade, qu'un livre à la couverture de velours qui cache un piètre récit . Je ne suis qu'un bout de bambou usé, qui s' effrite un peu plus chaque jour, chaque semaine,chaque mois . Et chaque fois que je recule en pensant à la reconstruction qui suivra ,je ne fais qu'abîmer un peu plus mon enveloppe . Je pense pouvoir chaque fois ressusciter plus forte mais celà est faux . Je vois bien ce que j' ai fais de mon être . Je me suis condamnée, Chaque jour ce sont mes os, mes veines, mon coeur qui s'émiettent.Chaque jour je repousse un peu plus en surface les relations humaines que j'accumule pourtant au fil des années .
Aujourd’hui on m'a dit : "Tu sais la vie est dure Fanny , parfois à la fin du mois on n'a plus l'essentiel" .Je me suis reconnue moi aussi dans ces mots . Oui la vie est dure, parfois à force de trop la dépenser,il ne reste plus que quelques miettes, on se demande alors comment on va faire . Parfois je regarde les gens dans la rue j'ai tant envie de les aider , je sais que c'est ça que je veux : aider les gens, leur donner ma vie plutôt que de la gaspiller . Je me tue, je m’enivre, je tourne en rond . Je ne suis pas faite pour moi . Je suis faite pour donner mais donner pour vivre, pour ne plus m'user dans des détails qui m’effritent .
Il y a tant à faire .On voudrait tellement faire . Mais si on commencait par l'essentiel .Si on commencait par le commencement . Ce serait si simple vous ne croyez pas ? Commencer par soi . Oui par soi, mais nous ne sommes rien sans les autres . Il faut se regarder à travers l'autre, il faut se jeter à corps perdu dans l'amour d'autrui et se retrouver soi-même . Nous avons tant à comprendre de nous-même, de l'homme . Oui, il est des gens que l'on rencontre, que l'on comprends, qui nous comprennent et nous rendent tant , alors pourquoi les semons-nous ? pourquoi ne les gardons-nous pas près de nous ? Pourquoi ne croyons-nous plus en rien ? Alors réunissons ces étoiles, reconstituons la toile de nos vies, reprenons nos vies en main et essayons de croire en ce lien si fort, en l'autre, en nous, en l'humanité .
