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Un secret bien gardé...


Je n'aurais jamais aimé que cela se passe de la sorte. Je n'aurais jamais aimé que mon histoire soit cette alternance de "faux-semblants" et de torrides révélations. Je n'aurais jamais aimé que certaines personnes ne puissent "ne s'être douté de rien". J'aurais préféré que cala se sache sans qu'il n'y ait à le rendre tabou et de ce fait à le cacher.

La plupart d'entre ceux qui me connaissent savent que je suis Fanny, étudiante en école de management prête à entamer un Master en alternance. "Studieuse", "Sage", "Fine" : trois adjectifs que j'entends souvent pour me décrire. Oui mais un fait m'empêche globalement de me sentir pleinement moi-même lorsque je sais que l'essentiel de ce qui me fait moi depuis 7 ans déjà est caché au plus grand nombre. Comment aborder sereinement le sujet sans pour autant en faire tout un drame ou changer le regard des gens autour de moi ?

Comment leur expliquer simplement que depuis sept ans, je n'ai cessé de lutter contre une maladie, que j'ai connu deux hospitalisations, que j'ai frôlé la mort, qu'on s'est inquiété pour moi, que mon foie a manqué de se détruire et que pendant ces sept années j'ai pu faire tout ce que j'ai fait seulement parce que j'avais connu les souffrances physiques et surtout psychiques les plus difficiles de mon existence. Pour moi le terme "anorexie" ne signifie rien. Il me classifiera dans une catégorie à laquelle je n'appartient que parcequ'il faut en permanence que les choses soient "carrées et rangées" afin qu'elles soient traitées d'une quelconque façon.

Oui, la plupart de ce que je suis aujourd'hui dépend de mon vécu, de mes difficultés physiques et mentales de ces sept dernières années. Mon goût pour l'écriture en est une conséquence directe. A l'hôpital, point de smartphone, point de contact avec l'extérieur que les visites de mes parents qui pouvaient alors me ramener de quoi lire, écrire et créer avec mes deux mains. Pendant ces mois d'absolue solitude et d'ennui, j'ai du composer avec le temps. J'ai du oublier les deux poches d'alimentation journalières qui m'aidaient à m'alimenter en écrivant. Ecrire d'abord le douloureux récit de mon quotidien là bas à l'hôpital :

"J'ai les pieds froids, les mains froides, j'ai mal à la gorge à cause de la sonde cette nuit, je ne comprends pas pourquoi des fois je ne ressens absolument rien et des fois, j'ai horriblement mal."

Puis peu à peu, l'écriture est devenue un exutoire, une manière de faire de la plus laide des douleurs du Beau. Une manière de construire des monuments sublimes sur des immondes ruines. C'est pour ça que je suis passée du théâtre à une classe Préparatoire littéraire. J'avais besoin de rejeter en arrière un douloureux souvenir. J'avais besoin de réécrire à nouveau mon histoire. Une histoire torturée et donc tortueuse. Une recherche permanente de la voie la plus rassurante. Puis, pas à pas j'ai avancé. J'ai été à l'allure d'une tortue car le passé m'avait appris que la vitesse ne me donnait rien de bon. J'ai mis de côté tous ceux qui m'avaient fait du mal ou y étaient liés. Je m suis re construite. J'ai surtout évité de me cacher. Au début c'était facile : la sonde m'empêchait de mentir. Mais peu à peu les traces du mal absolu ont quitté ma chair, et sans un signe de ma part, les gens quoique soupçonneux dans certains cas ne pouvaient rien savoir de ce que j'étais et suis réellement. Je ne cherche en rien la pitié ni la condescendance. Je cherche à expliquer certains aspects de ma personnalité qui sans cette histoire peuvent rester mystérieux.

-"Studieuse" car les études ont pendant longtemps été ma seule raison de m'accrocher à la vie.

-"Sage" car mon exigence et la peur du jugement d'autrui m'ont forcé à rester dans un cadre de vie inflexible.

-"Fine" car malgré un IMC inférieur à la moyenne je me trouve encore Grosse.

Il y a encore surement d'autres éléments de ma personnalité qui ne sont expliquées que par ma maladie. Cette maladie, un secret si longtemps gardé et que pourtant la confidentialité ne fait qu'entretenir. Parler pour montrer qu'on existe et aussi autrement que par la maladie. Montrer qu'au delà d'elle, il y a mes mots. Mon analyse extérieure qui est aujourd'hui capable de faire la part des choses. De savoir que j'en souffre mais que je suis capable de le dire. De constater que la souffrance ne me baillone pas et que ma discrétion ne m'empêche pas de m'exprimer quelque fois. Plus facilement par l'écrit certes, mais tout de même...


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