Du Sens à nos Actions

Ce que nous faisons, le point où nous arrivons n’est peut-être pas un hasard. En fait, cela dépend de chacun mais pour ma part je constate que quelles que soient les trajectoires que j’ai emprunté, je suis toujours sur un chemin qui semble avoir été tracé pour moi depuis le début.

Lorsque je suis orientée après mon bac scientifique obtenu avec Mention sur une filière artistique, tout le monde me regardait d’une étrange manière. Moi, l’intello pas rigolote qu’on voyait déjà devenir institutrice ou peut-être même avocate : qu’est-ce que j’allais faire dans une école ne délivrant aucun diplôme reconnu et sur la route de l’intermittence du spectacle ? Pourtant, à la fin de cette année-là, ma vie a pris une tournure que je ne pouvais imaginer. J’ai tout arrêté comme si je m’étais totalement fourvoyé sur mes intentions, et je me suis détruite à petit feu comme pour me punir de n’avoir pas trouvé le bon chemin. C’est du moins ce dont j’étais persuadé à l’époque : que cette destruction était purement et simplement négative. Aujourd’hui je suis persuadée que cette destruction n’était pour moi qu’une manière de repartir de plus belle, comme un serpent quitte sa mue pour renaître plus fort encore dans sa nouvelle enveloppe. Ainsi, lorsque j’ai commencé à reprendre goût à la vie et me retrouver, moi, et mes volontés les plus profondes et les plus enfouies, je suis retournée à mes premières amours : les Lettres. J’ai repris gout à la vie par l’écriture, que déjà enfant je pratiquais en écrivant « romans » et « pièces de théâtre » à la moindre occasion. Peu à peu j’ai repris un cursus scolaire dans lequel, deux ans auparavant, on m’aurait parfaitement imaginé : Une Classe Préparatoire. C’est finalement bien dans ce type de cursus, visant l’excellence et dont la rigueur ne fut pas à démontrer, que je m’épanouis pendant deux années au terme desquelles, même si j’aurais volontiers repoussé éternellement le moment, je dus choisir. Choisir, c’est changer. Choisir, c’est de nouveau faire prendre à sa vie un tournant, c’est accepter de prendre une décision qui on le pense, aura un impact déterminant et irréversible sur sa vie. Déterminant peut-être mais certainement pas irréversible. Car tant que la mort ne survient pas, nous sommes toujours à même de faire demi-tour ou même de trouver au détour d’un arbre, une ruelle tout à fait inattendue, nous permettant de bifurquer à nouveau.

Au terme de mes deux années de Classe Préparatoire, je pris donc la décision d’entrer dans une « Business School » comme elles aiment bien se nommer. Un virage à 180° pour une littéraire rêveuse, passionnée et idéalisant l'humanité. Néanmoins pas tant que ça...

"Tant que la mort ne survient pas, nous sommes toujours à même de faire demi-tour ou même de trouver au détour d’un arbre, une ruelle tout à fait inattendue, nous permettant de bifurquer à nouveau."

En école de commerce, je pus en effet reprendre les notions mathématiques pour lesquelles j’avais à la base été formé, je pus m’en servir et y reprendre goût à tel point que j’envisageais sérieusement m’orienter en finance plutôt qu’en marketing quand j’observais mes résultats au partiel de statistiques en fin d’année.

Néanmoins, je ne perdais pas pour autant mes passions enracinées en moi, et en guise de stage de fin d’année, je décrochai un poste auprès d’une danseuse-chorégraphe au parcours, à la vision, et au mode de vie très similaires au mien. Rien n’était encore dû au hasard. Tout avait du sens : mon sens, quoi que les « on dit » auraient pu imaginer au départ.

De plus, durant cette année, j’eus également à cœur de poursuivre mes études en alternance. Cette alternance, je la voulais conforme à moi, à mes valeurs que je n’aurais su trahir.

Lorsque je postulai à l’Établissement Français du Sang, je sus que le poste, autant que l' entreprise était faite pour moi. D’autant que ce que j’allais y faire correspondait à ce qu’il ressortait de moi au terme de ce stage : j’étais quelqu’un de très carrée, très organisée, méthodique mais aussi impliquée dans la mission dans laquelle j’étais partie prenante.

Encore une fois, non, je n’avais pas fait une école de commerce pour devenir une étudiante fêtarde et nonchalante qui aurait décroché grâce à Papa/Maman un stage dans une grande multinationale cotée en bourse afin de s’en mettre le plus possible (en en faisant le moins possible) dans les poches mais j’avais choisi d’utiliser cette porte, pour entrer dans un monde dans lequel je pourrai, à force de travail et d’acharnement, agir à grande échelle, en espérant chaque fois plus grimper les marches et gagner chaque fois plus d’importance et de responsabilités.

"Il n’y a aucun secret, pour donner le sens qui nous correspond à nos vies, il faut forcer le destin. Chercher à faire plier les hasards : qu’ils se conforment à nous, à nos volontés, et non l’inverse."

Rêveuse je l’étais, mais à l'origine de toutes le plus grandes réalisations : n'y a-t-il pas une rêve ? La différence c'est qu'il y a ceux qui ne font que rêver, et les autres. Ils ont agi tout comme je le fais au quotidien. Une idée ? Je cherche les moyens de la mettre en place, et ce le plus rapidement possible. J’écarte les faux obstacles qui me barrent la route (car on se met tous, quoi qu'on en dise, un certain nombre de bâtons dans nos propres roues ), et j’avance avec courage contre le flot tempétueux de la vie.

Il n’y a aucun secret, pour donner le sens qui nous correspond à nos vies, il faut forcer le destin. Chercher à faire plier les hasards : qu’ils se conforment à nous, à nos volontés, et non l’inverse.

Les épreuves m’ont certainement beaucoup appris sur cela. Je n’ai jamais laissé la maladie me corrompre. J’ai gardé en moi l’âme d’enfant que j’avais. Cette petite fille qui rêvait d’amour et de réussite. J’en suis toujours là mais cette fois-ci je regarde cette petite fille dans les yeux et je lui glisse : « je t’offrirais aujourd’hui ce dont tu rêves, car ce sont ces rêves d’enfants

qui donnent du sens à nos vies… ».