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Construire ce qu'il y a de plus beau sur les ruines du passé...


Je me décide à reprendre le cours de l’histoire de ce blog qui depuis quelques temps a du mal à avancer . A vrai dire je ne sais plus et n’ai jamais trop su d’ailleurs quel sens lui donner . Anorexie, les femmes , moi ? Oui, en fait quoi qu’il en soit je partais et pars toujours de moi car je crois que c’est la substance même de tout auteur que de partir de soi pour puiser au fin fond de lui-même et parfois jusqu’à son inconscience les extraits les plus vierges de son être . Certains réussissent à universaliser leur propos car ils ont cette capacité à se faire oublier dans leur « je » . Je ne pense pas avoir cette capacité . On m’a trahie en reconnaissant que ce blog était un exutoire, et l’article que j’ai fait écrire sur moi il y a désormais presque un an n’a fait que souligner en vert fluo cette volonté de « parler de moi » . Même si je reconnaissais que ce cri était plus un appel à la vigilance pour ne pas que d’autres vivent ce même chemin de croix, je crois bien que ce qui transparaissait encore plus que ce refus de la propagation de ce mal était le refus de mon propre mal , ou bien je ne sais plus trop : de mon propre moi .

J’ai d’ailleurs commencé à écrire ,vraiment, à l’hôpital il y a sept ans déjà ! Je relis souvent ces notes écrites au stylo bic sur des feuilles blanches au format A4 que ma mère en venant me rendre visite à l’hôpital me ramenait . Je m’installais en tailleurs sur mon lit, rapprochait ma tablette rose, et commençais à écrire, écrire et encore écrire . Les premières fois ce fut après chaque repas que je prenais : comme une manière d’évacuer cette nourriture que mon corps refusait encore et que je n’avais plus aucun moyens d’évacuer . je décrivait les barquettes , les couleurs, les odeurs, les sensations avant, après, pendant, les goûts ,les ressentis, avant, après, pendant , les pensées qui me parasitaient alors et me rendaient folle. Je n’avais que ça ! Je ne parlais pas encore mais c’est rapidement grâce à ça , en m’écrivant plutôt que seulement en me le disant dans ma tête : « tu dois en parler à quelqu’un ! Tu ne peux pas rester avec cela ! » que finalement je finissais par vider ce qui me pesait depuis tant de semaines, de mois, d’années .Un soir, je me rappelle que j’avais écrit mon angoisse de « trop manger » puisque j’avais fini mon plat de légumes alors même que j’étais alimenté par sonde naso-gastrique : « étais-ce bien normal ? » . Le lendemain j’en parlai à une infirmière qui m’assura que tout cela était normal vu mon état de dénutrition et que je devais d’abord penser à moi : j’étais au bord de la mort .

"C'est certainement ça le secret de ma trop grande maturité : savoir reconnaître le chemin parcouru, ne jamais l'oublier et s'en servir tous les jours, à chaque instant en l'amalgamant avec ce qui nous vient de nouveau"

Je suis sans cesse comme vous le voyez, hantée et tourmentée par ce passé, je ne peux m'en défaire mais c'est aussi lui qui tientma plume et l'aide à tracer sa marque bleue sur le papier. Il y a des Histoires qu'on ne peut oublier et qui font dépendre le reste du cours de votre vie, de la Vie .Lorsque j'écris je me libère, je libère la parole qui reste si souvent prisonnière en moi .Je partage avec autrui ce que je ressens, il n'y a pas encore pour moi de meilleure manière de le faire que par les mots écrits. Il faudra donc que je m'y tienne pour continuer à avancer, car on ne se libère pas de son fardeau ainsi . "On n'oublie jamais rien on vit avec " ,on écrit avec ,on avance avec, on se construit avec, on se forge un nouveau "moi" .Un "moi" différent, pas forcément meilleur mais plus fort certainement, enrichi de mille et unes expériences qui nous font grandir jour après jour . C'est certainement ça le secret de ma trop grande maturité : savoir reconnaître le chemin parcouru, ne jamais l'oublier et s'en servir tous les jours, à chaque instant en l'amalgamant avec ce qui nous vient de nouveau : construire une oeuvre d'art avec ce qui nous a fait le plus souffrir.


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