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"Un français sur quatre sous psychotropes" !


Ce soir-là , je ne fus pas très bien. Et ce soir-là je sentis que l'inspiration était là pour écrire. C'est clair que le mal-être a chez moi toujours été source de belles écritures et que sur mon coeur en ruines, j'ai pu construire malgré tout une oeuvre solide.

Ainsi donc ce soir en posant un pied puis l'autre sur le tapis roulant du RER, je sentis une grande mélancolie presque inexplicable m'envahir. Une journée commencée difficilement par une montée sur la balance, puis on fait comme si de rien était toute la journée. Sourire aux lèvres même durant une réunion sur laquelle je finis en hypoglycémie. Prête à m'effondrer.Mais on ne doit rien montrer. Ce masque que je porte en permanence m'insupporte ce soir-là. Je n'en peux plus de ne jamais pouvoir être moi. Jamais Fanny. Celle que je suis avec mes parents, celle que je suis avec moi-même, celle que je suis avec...une seule et unique amie en ce moment. Parce que même mes amis ils finissent par partir, par être fatigués de nous porter sur leurs épaules : moi et la maladie. Ils ne comprennent pas toujours, ils ne me comprennent pas toujours, ils ne la comprennent pas toujours. Ceux qui m'aiment en font abstraction car ils savent trouver en moi un trésor bien caché. Mais c'est trop dur, trop long de fouiller, les gens n'ont pas le temps. Avec des vies à cent à l'heure, des obligations à gérer de tous les côtés, il vous faut des amitiés simples, des moments simples, juste de la joie du bonheur et des sourires. Les souffrances humaines doivent rester cachées. Enfermées dans des HP ou couvertes par des molécules qu'on vous refile pour mieux vous faire taire. Ils appellent ça "antidépresseurs" ; moi j'appelle ça "anti-cas problématiques". C'est pas pour rien qu'aujourd'hui on vous sort les chiffres : "un français sur quatre sous psychotropes" ! . Alors moi j'ai voulu comprendre, j'ai voulu savoir. Savoir pourquoi nous vivions dans une société où il ne fait pas bon d'"aller mal". Où vous vous sentez jugé dès lors qu'un jour vous avez le malheur de "faire la gueule". Moi : je vais mal ! Moi, j'ai vécu et vis encore des choses douloureuses. C'est grâce à ça qu'aujourd'hui je suis comme je suis : une extraterrestre qui semble n'avoir que le travail et l'effort dans sa vie. C'est aussi pour ça que je garde le sourire. Parce que ce masque m'aide à me convaincre. Aussi parce que relativement à ce que j'ai vécu, m'asseoir à un bureau le matin, tout en savourant un bon café chaud que je peux reprendre à volonté n'est rien. Rien que du bonheur. De la joie d'être ici, en activité et en vie. Mais je souffre. Je souffre de n'être pas moi pleinement. Je souffre de ne pouvoir dire haut et fort sans penser que ce mot est tabou : "je suis ANOREXIQUE". Oui je suis malade et rien n'y fait. 7 ans de traitements, de médecins, de suivi "psychochiatrique", 2 hospitalisations, 1 pronostic vital engagé, une ostéoporose probable, une aménorrhée et j'en passe. Et bien non ! Cela doit rester chez moi et j'en crève ! J'en crève parce que parfois la maladie me rattrape. Parce que parfois je me sens mal physiquement et/ou moralement. Mais comme je me suis toujours conditionnée à rester forte, à ne rien montrer, à tout cacher par honte ou par pudeur. Alors rien ne filtre. Et pourtant.....

Si seulement ils savaient, si seulement je pouvais. Je serai moi. Moi à 100%, moi sans corruption. J'en rêve mais me le dire sans rougir. Sans éprouver de malaise ni en transmettre en retour. Oui, ce soir -là qui était hier fut difficile. Et chaque matin en avalant ma pilule colorée sans même plus m'en rendre compte, je soupire de cette vie d'enchaînée mais aussi d'enragée. Enragée de vivre...


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