Victime et coupable : La Double Peine

Trop compliquée,trop difficile à cerner ? Pourquoi ? Pourquoi est-elle comme ça ? Ou plutôt : Elle est comme ça parce que .Et en fait non . On juge, on catégorise, on catalogue, on dit : il/elle est ainsi ,parce que . Mais que sait-on de l'individu qu'on ne connaît que par l'image qu'il nous renvoie de lui ? Je me suis sentie blessée, qu'on me juge ainsi, qu'on pense que j'agis pour cette raison .Alors que pas du tout, même moi ma complexité me dépasse, je ne peux moi-même me cerner entièrement ,alors qui peut prétendre avoir trouvé la clef de mon énigme, de ma propre énigme ? Pourtant moi-même j'ose souvent porter des jugements ,et ceux-ci aussi incisifs que ceux dont je pense que les gens me jugent. Je m'en veux .Si seulement, si seulement nous ne vivions pas aussi recentrés vers notre propre ego, dans notre propre bulle qui nous aliène . On a beau dire, nous sommes emprisonnés dans notre tête,dans nos soucis, nos propres douleurs, nos propres peines ; on en oublie qu'à côté la douleur peut-être aussi ,voire plus forte . On veut avoir la raison, la bonne parole, la critique juste et efficace .On se cache derrière la façade de l'hypocrisie qu'on se convainc ne pourtant pas exercer avec excès .Vous rappelez-vous de la dernière fois où vous avez été médisants ? Ne vous cachez pas derrière votre pudeur ou vos fausses excuses, personnes n'est là pour vous juger : vous êtes seulement humains . L'enjeu n'est pas de se culpabiliser, mais de réfléchir, se remettre en cause aussi souvent que possible pour avancer .Accepter l'autre pour mieux s'accepter soi-même .Pourquoi ma relation à l'Autre est si complexe ? Pourquoi l'Autre ,qui me renvoie tout ensemble ma face et la face du monde qui me regarde, m'effraie autant ?

"Pour eux ,je suis encore celle qui, décide de tout . Je n'ai aucun droit, aucune légitimité à l'expression de ma douleur"

Je me pose la question certes plus particulièrement à moi-même ,mais je pense que nous nous la posons tous plus ou moins .Surement parce que je ne peux pas tout contrôler en lui, je suis soumise à l'imprévisibilité de ses réactions et cela m'effraie. A tout moment je suis sur la défensive car je redoute une agression de sa part . Pourquoi si peu de confiance en l'autre ? Que m'a t-on fait pour que j'ai autant perdu foi en l'humanité ? Quelle part de mon âme ou de ma chair a été violée à ce point pour que la blessure ne puisse plus se refermer ? Et pourquoi ni moi ni l'autre ne pouvons cerner la source du mal ? Je souffre, oui, je souffre, la maladie n'est qu'un symptôme et personne n'a trouvé d'où il provenait . Je suis condamnée, condamnée à souffrir tant que la science n'aura pas trouvé d'où provient le mal . Oui ,j'utilise le mot Science car ce mal est matérialisé , il n'est pas fantôme comme tout un chacun le pense . L'anorexie est une maladie, elle vous gouverne, vous contrôle, vous submerge, vous ne contrôlez plus rien dès lors qu'elle vous a submergé . Elle m'a submergé le jour où j'ai hurlé, j'ai crié ma douleur face à un auditoire qui encore une fois me lança le regard accusateur du juge qui punit le coupable .Suite à ce regard la vague m'a emportée et c'est alitée ,le souffle court que j'ai compris qu'elle avait pris mon être , tout mon être .Et pourtant ....pour la majorité c'était encore moi la coupable . Oui, victime et coupable : la double peine. Pour eux ,je suis encore celle qui, décide de tout . Je n'ai aucun droit, aucune légitimité à l'expression de ma douleur . Il faut tout garder pour soi .Censurée, ligotée, enchaînée au fond du noir . "Femme tu ne parleras pas ! " .Aujourd'hui, par cet écrit, je tente un dernier cri, une dernière imprécation devant Dieu et tous ceux qui ne me comprennent : " N'essayez plus de comprendre , accueillez, ouvrez votre esprit à la connaissance, admettez, soyez conciliants , à défaut de comprendre la complexité du mal , ouvrez votre cœur , il ne trompe pas, la sensation pulsionnelle n'a jamais trompée personne . Le corps vibre ,il réagit à la souffrance extérieure dès lors qu'il en a la sensibilité "....