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"Appropriation illégale"


Il y a quelques jours, en passant dans une rue, habillée certainement (mais étant en été et ne comptant plus le nombre de fois où je m'habille de cette manière) d'un short et d'un débardeur, je me suis faite sifflée puis interpellée avec insistance par quelques collégiens dans une rue comme étant « la blonde » . « La blonde » : ce surnom si impersonnel, ce nom commun qui vous réduit à l'état de chose, d'objet que ces jeunes gens pourtant logiquement sensibilisés aux problèmes contemporains de harcèlement de rue se sont appropriés comme des loups se seraient appropriés un morceau de viande traînant là en pleine forêt. Deux jours plus tard, habillée d'une tee-shirt laissant légèrement apparaître pas plus d'un centimètre de chair à la taille, et d'un simple jogging ,alors que je passais dans une rue de village presque déserte à 9 heures du matin, j'ai entendu retentir des sifflements inopinés derrière moi. Ainsi, suite à des calculs, j'ai conclut à la statistique suivante : « j'ai une chance sur trois d'être sifflée, bafouée, que l'on s'approprie mon corps lorsque je sors dans une rue » . Pire : même en jogging je suis susceptible d'être sifflée . Combien de femmes vous diront la même chose ? Combien de femmes vous raconteront qu'elles n'osent plus dévoiler leur jambes, mettre un rouge à lèvre un peu trop prononcé, ou porter un décolleté ? La réponse est simple, si elles sont sincères, elles vous diront toutes en tout cas qu'elles sont régulièrement victimes de regards, de voitures qui ralentissent à leur niveau, de sifflements, de remarques et j'en passe ,d'hommes qui se les approprient comme de vulgaires morceaux de viandes que des rapaces viendraient dévorer .

Régulièrement les femmes

voient des inconnus

s'approprier leur corps

L'autre jour, me promenant en robe sur un parking désert, j'ai eu une peur subite en m'imaginant qu'à cet endroit je n'étais pas en sécurité si un homme venait à s'en prendre à moi, et j'ai voulu, en cet instant précis, disparaître, n'être plus qu'une ombre, une silhouette, un corps camouflé derrière un jogging trop grand, un long sweet à capuche et des lunettes de soleil . Oui, adopter une tenue de camouflage dans un univers qui me paraissait hostile ,où je me rendis compte que je ne pouvais plus circuler sans éprouver une certaine crainte . J'ai alors immédiatement pensé que nous ne pouvions pas au 21 ème siècle accepter, qu'il règne encore un interdit vicieux, seulement sous-entendu, latent mais pesant ,de circulation libre sur les femmes. Devoir se limiter à des horaires, des lieux, des tenues, des manières de marcher, d'agir : ce 'est pas normal ! Non, pas normal et nous devons en prendre conscience pour espérer le combattre .Car le pire ,est cette absence de conscience . On considère que la société a avancé, s'est libéralisée et a effacée de nombreux tabous . Mais cela n'est qu'une façade ou du moins cela concerne beaucoup de domaines mais pas celui des femmes . Aujourd'hui, même si les femmes travaillent et accèdent à des postes à hautes responsabilités, elles ont encore une double-journée qui les attend à la maison ,et le « partage des tâches » n'est en fait une réalité que pour une minorité des ménages. Je ne parlerai pas des salaires qui sont toujours inégaux et que l'on accepte presque comme une fatalité, un ordre naturel indéniable .

Aujourd'hui, il règne encore sur les femmes un interdit vicieux, une vieille coutume qui ne se dit plus mais s'implicite

A l'époque, une femme n'exhibait même pas ses jambes car l'interdit, la coutume sociale était si forte qu'elle les en empêchait ; aujourd'hui, certes les femmes continuent à se battre pour maintenir cet acquis, mais croyez-vous pour autant que cet interdit, que ces mœurs aliénantes ont disparu ?

Pour être née à la fin des années 90 et pour avoir vécu toute ma vie sans qu'on m'interdise explicitement de mettre des shorts et des jupes au dessus du genou , je peux vous affirmer que non . Jamais je ne me sens totalement à l'aise et libre lorsque je marche dans une rue habillée ainsi . Jamais je ne suis assurée, et ce n'est pas seulement une craint infondée .C'est une crainte qui a connu de multiples « appropriations illégales » comme je les apelerai désormais et même deux « agressions ». Alors oui, dans l'air du 21ème sicècle il persiste encore une interdiction ,cette fois-ci elle n'est qu'implicite , mais elle s'exprime tout de même .

De plus, nous ne sommes qu'en France, mais si nous regardons vers d'autres horizons, nous apercevons alors qu'il y a bien pire ailleurs et on l'oublie bien souvent . Or, pour moi, les expressions sont universelles. Autrement dit, ce que chaque nation exprime d'une manière différente n'est que le reflet d'un sentiment, d'une émotion, d'un poids latent qui pèse sur toute la planète . Si des femmes sont mariées de force dans un pays, c'est parce qu' universellement ,on considère encore que le premier rôle ,la première fonction d'une femme sur la terre et d'assurer la reproduction de l'espèce .Et il ne faut pas aller plus loin que dans la religion chrétienne pour le vérifier : l'injonction du rapport sexuel avant le mariage n'est qu'une forme plus dissimulée de cette considération générale.


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